Nous allons tenter d’aborder dans cette partie, les faits historiques qui ont touché directement ou indirectement le Pays Basque français pendant cette période agitée de l’histoire. Nous le ferons au travers des nombreux bouleversements que la révolution française a engendrés, changements administratifs, révoltes ecclésiastiques, problèmes économiques, et coalition de l’Europe entière contre la France. Nous signalons, que certains faits historiques ont été volontairement “oubliés”, pour une plus grande clarté des tenants et aboutissants “basques” de cette période.
Le Pays Basque, comme toutes les autres régions de France, a subit de grands bouleversements. Mais il est surtout devenu une zone de conflit lors du départ en exil des prêtres réfractaires aux exigences de la jeune république (des prêtres qui avaient la confiance ancestrale de la population), au moment de la guerre livrée contre l’Espagne, et, comme toutes les autres zones frontières françaises, pendant la Terreur.
L’Assemblée Nationale Constituante du 9 juillet 1789 au 30 septembre 1791
L’Assemblée Législative du 1er octobre 1791 au 20 septembre 1792
La Convention Nationale du 21 septembre 1792 au 26 octobre 1795 gouvernée par :
- les Girondins du 21 septembre 1792 au 2 juin 1793,
- les Montagnards et le régime de la terreur jusqu’à la mort de Robespierre, le 27 juillet 1794,
- les Thermidoriens ou modérés du 28 juillet 1794 au 26 octobre 1795.
Découvrez ci après la Chronologie des événements :
1789
- Le 5 mai, réunion des Etats généraux.
- Le 9 juillet, l’Assemblée nationale se déclare constituante.
- Le 14 juillet, le peuple de Paris prend d’assaut la Bastille.
- Le 4 août , l’Assemblée abolit les privilèges et les droits seigneuriaux, l’Impôt est décrété, il sera payé par tous.
- Le 26 août, Déclaration des droits de l’Homme et du Citoyen.
- Les 5 et 6 octobre, retour forcé du roi à Paris.
- Le 2 novembre, les biens du clergé sont déclarés propriété nationale.
- Le 22 décembre, création des départements. Le Pays Basque et le Béarn sont assemblés en un seul département, les Basses-Pyrénées, contre l’avis de la population qui met en avant l’obstacle des langues.
1790
- Le 15 février, la Constituante vote la fermeture de tous les couvents.
- Le 4 mars, Paris impose Pau comme chef-lieu de département, alors que Navarrenx avait été choisi par les électeurs. Le département est divisé en six districts :
- au Pays Basque, district de Mauléon pour la Soule, district de Saint-Palais pour la Basse-Navarre, et district d’Ustaritz pour le Labourd (qui sera remplacé plus tard par le district de Bayonne).
- au Béarn, districts de Pau, Oloron, Orthez.
Les districts sont divisés en cantons, eux-mêmes divisés en communes.
- Le 12 juillet, la Constitution civile du clergé est adoptée. Elle supprime l’autorité du Pape sur l’église catholique française, et ordonne aux évêques et prêtres, de jurer fidélité et obéissance à cette constitution.
- Le 27 novembre, le serment des prêtres devient obligatoire ; 40 000 refusent et deviennent réfractaires. La hiérarchie ecclésiastique est modifiée : un seul évêque par département. Oloron devient siège épiscopal des Basses-Pyrénées.
1791
Le 26 janvier, un décret ordonne le remplacement des évêques et curés qui refusent le serment. Les réfractaires sont interdits du port de l’habit de leur ordre. La majorité des prêtres du Pays Basque sont réfractaires et vivent en semi-clandestinité, protégés par les habitants.
Cette période tourmentée, fut mal vécue par la population basque. Il faut rappeler que le prêtre du village, aimé et respecté par tous, était la pierre angulaire de la communauté. Ainsi, l’arrivée des prêtres constitutionnels (qui ont prêté serment à la constitution et rejeté l’autorité du Pape Pie VI) n’a éveillé que suspicion et mépris.
La population n’assistait plus aux services religieux, et se rendait aux offices clandestins des prêtres officiellement exilés qui effectuaient leurs célébrations dans des granges ou chez l’habitant.
La majorité des basques entrent ainsi en résistance passive vis à vis de la république “antichristianiste” : ils abritent de nombreux réfractaires, et effectuent mariages, baptêmes et enterrements en Espagne.
- En juin, fuite du roi qui est arrêté à Varennes.
- Le 14 juin, loi Le Chapelier qui interdit les coalitions et les grèves.
- Le 17 juillet, fusillade du Champs-de-Mars.
- Le 13 septembre, le roi accepte la Constitution.
- Le 1er octobre, première séance de l’Assemblée législative.
- Le 29 novembre, veto du roi au décret contre les prêtres réfractaires.
1792
- Le 20 avril, la guerre est déclarée.
- En juillet, la Prusse envahie l’est de la France, tandis que les autrichiens entrent par le nord. Le duc de Brunswick, commandant des armées ennemies, menace Paris de destruction totale si la royauté n’est pas rétablie.
- Le 10 août, le roi Louis XVI et sa famille, sous surveillance aux Tuileries, sont emprisonnés au château du Temple.
- Le 26 août, un décret ordonne aux réfractaires de s’exiler de France sous peine d’une déportation en Guyane.
- Le 20 septembre, les Français remportent une victoire déterminante à Valmy. L’Assemblée législative est dissoute pour donner au pays, une nouvelle constitution. La nouvelle assemblée girondine prend le nom de Convention nationale, décrète l’abolition définitive de la royauté, et proclame la République. Nous sommes en l’an I.
La Convention va bouleverser les habitudes de tous les Français par le remplacement du calendrier grégorien trop lié à l’ancien régime.
Désormais, l’année qui commence à l’équinoxe d’automne (le 22 septembre à minuit), est divisée en 12 mois de 30 jours.
Le mois est divisé en 3 décades (les semaines de 7 jours sont supprimées).
Chaque décade est composée de 10 jours nommés : primidi, duodi, tridi, quartidi, quintidi, sextidi, octidi, nonidi, et decadi (jour de repos obligatoire).
Après le 12ème mois (Fructidor), sont ajoutés 5 jours complémentaires pour arriver au total de 365 jours. Ces jours sont appelés des sans-culottides et sont consacrés à la célébration des fêtes républicaines : le jour de la Vertu, du Génie, du Travail, de l’Opinion, et de la Récompense.
Tous les 4 ans, pour la Franciade (année bissextile), le 366ème jour est appelé “jour de la Révolution”.
Bien évidemment, le peuple, n’accepte pas de remplacer le dimanche par le decadi, et de travailler 9 jours d’affilée au lieu de 6. Le calendrier républicain sera utilisé pendant 13 ans, et pourtant demeurera totalement inconnu et inutilisé par le peuple.
Le 6 novembre, victoire de Jemmapes, l’armée française entre en Belgique.
1793
- Changement des noms des rues et des localités au profit de noms qui effacent les “vestiges du fanatisme féodal” et doivent frapper l’imaginaire révolutionnaire du peuple, comme le montre les exemples cités dans le tableau ci-dessous.
Nom usuel :- Arcangues -> Constante
- Bayonne -> Port-de-la-Montagne
- Cambo -> La-Montagne
- Itxassou -> Union
- Louhossoa -> Montagne-sur-Nive
- Saint-Etienne-de-Baigorry -> Thermopyles
- Saint-Jean-de-Luz -> Chauvin-Dragon
- Saint-Jean-Pied-de-Port -> Nive-Franche
- Saint-Martin-d’Arrossa -> Grand-Pont
- Saint-Palais -> Mont-Bidouze
- Saint-Pée -> Beaugard
- Sare -> La-Palombière
- Urt -> Liberté
- Ustaritz -> Marat-sur-Nive
- Villefranque -> Tricolore
- Le 19 janvier, le roi Louis XVI est condamné à mort. C’est Dominique Joseph Garat (basque né à Bayonne en 1749), ministre de la Justice (il succéda à Danton), et farouche opposant de la peine capitale, qui est chargé d’annoncer au roi la sentence.
- Le 21 janvier, le roi est exécuté.
- En février, suite à l’exécution, l’Angleterre et la Hollande déclarent la guerre à la France.
- Le 24 février, la Convention ordonne la levée de 300 000 volontaires, les Basses-Pyrénées fourniront entre 3 et 4 000 hommes.
- En mars, coalition contre la France et insurrection dans l’Ouest.
- Le 7 mars, la république déclare la guerre à l’Espagne.
- Le 21 mars, création des Comités de surveillance révolutionnaire.
- Le 6 avril, création du Comité de Salut Public.
- Au printemps, une épuration politique est lancée sur les municipalités dites “contre-révolutionnaires”, ou plus simplement en désaccord avec les Montagnards de Robespierre, les élus de Cambo et de Bayonne sont destitués.
- Le 1er août, adoption du système métrique.
- Le 6 septembre, victoire de la bataille de Hondschoote sur l’armée austro-anglo-hollandaise.
- Le 16 septembre, victoire de la bataille de Wattignies sur les autrichiens.
- Le 10 octobre, institution du régime de la Terreur.
- Le 16 octobre, la reine Marie-Antoinette est à son tour exécutée, malgré des négociations de Garat avec les autrichiens refusées par Robespierre.
- Le 20 octobre, un décret appelle à la délation des réfractaires, sous peine de mort.
- Le 31 octobre, exécution des Girondins.
- le 4 décembre, un décret déclare suspectes toutes les personnes qui ne sont pas Montagnards ou ne partagent leurs idées. Sont déclarés ennemis de la République toutes personnes qui donnent asile aux “réfractaires”, nobles ou émigrés, ceux qui manquent de civisme, ceux qui vendent à des prix trop élevés… Et sont donc passibles d’arrestation, d’incarcération ou d’exécution.
- Le 19 décembre, un décret rend l’école primaire obligatoire et gratuite.
- Le 26 décembre, victoire de la bataille de Geisberg, Strasbourg est libérée.
- La guerre au Pays Basque en 1793
- De 1793 à 1794, de nombreux combats auront lieu dans les montagnes du Pays Basque.
- La compagnie des Chasseurs basques de Harispe (né à Baïgorry) réussie à repousser les Espagnols après leur avancée jusqu’à Baïgorry. Le 23 avril 1793, l’armée espagnole détruit le fort d’Hendaye. Saint-Jean-de-Luz est sauvé, le 1er mai 1793, de l’invasion espagnole grâce aux combats de Sare.
1794
En mars et avril, 4 000 hommes, femmes, et enfants, du Labourd (essentiellement des villages de Sare, Ascain, Itxassou) sont déportés vers les Landes pour contact et collusion avec l’ennemi espagnol. Ils sont internés dans les églises landaises. Sare reste totalement vidée de ses habitants.
- Le 24 mars, exécution d’Hébert et de ses partisans.
- Le 5 avril, exécutions de Danton, de Desmoulins et tous leurs partisans Jacobins qui voulaient mettre fin à la Terreur. Instauration de la Grande Terreur.
- Le 6 juin, la langue basque devient danger national. Interdiction est faite, à ceux qui ne parlent pas le français, de se marier, et d’avoir de l’avancement dans l’armée française. Ces mesures seront assouplies quelques mois plus tard.
- Le 26 juin, victoire de la bataille de Fleurus.
- Le 8 juillet, les troupes françaises s’emparent de Bruxelles.
- Le 24 juillet, les religieuses des districts de Saint-Palais et d’Ustaritz sont arrêtées et jetées au cachot à Bayonne.
- Le 27 juillet, exécution de Robespierre et des Montagnards. Fin de la Terreur.
- Le 28 juillet, début du gouvernement des Thermidoriens.
- Le 29 septembre, libération des déportés basques.
- La guerre au Pays Basque en 1794
- Le 5 février 1794, le plateau de la Croix des Bousquets est repris après un combat héroïque des brigadiers de la Tour d’Auvergne et des Chasseurs basques. Le 26 avril 1794, l’ennemi attaque par le Valcarlos et les Aldudes, ils sont repoussés après la victoire du rocher d’Arrola le 26 mai, et de Berdaritz le 10 juillet. L’armée française entre alors en Navarre et en Gipuzkua (provinces basques espagnoles). La ville de San-Sebastian est prise le 5 août, puis la ville de Tolosa le 13.
1795
- Le 16 mai, le traité de La Haye est signé.
- Le 3 juin, arrestation des conseillers municipaux de Saint-Jean-de-Luz, responsables de la déportation de plus de 3 000 habitants de Sare et de ses alentours, pendant la Terreur.
- Le 19 juillet, Bilbao est conquise par les Français.
- Le 22 juillet, le traité de Bâle est signé. Fin de la guerre franco-espagnole.
- Le 5 octobre, révolte royaliste écrasée par Bonaparte.
- Le 13 octobre, amnistie générale pour tous les comités révolutionnaires et leurs actions pendant la Terreur.
- Le 26 octobre, fin du gouvernement des Thermidoriens.
- Le 2 novembre, première réunion du Directoire.